Le Soir Wallonie – 22 juin 2024 – par J-C. Vantroyen
Beyond Horizons – Dorotheum
C’est dans de vieux guides de promenade ou des magazines géographiques au charme désuet qu’Anne Marie Finné trouve une partie de son inspiration. À ses images, l’artiste mêle d’anciens souvenirs pour composer de délicats microcosmes pleins de poésie et d’étrangeté qui suscitent irrésistiblement l’envie du spectateur à la suivre dans son pays des merveilles.
Comme Lewis Caroll le dit : « L’imagination est la seule arme dans la guerre contre la réalité. ». L’imagination de l’artiste nous incite à arpenter, tel Alice, les sentes de ses labyrinthes débordants de végétation luxuriante, d’arbres, de torrents, de rochers, de maisonnettes de contes de fée, et que parcourent parfois quelques personnages bienveillants. Un monde terrestre fourmillant qui tranche sur le vide du ciel au-dessus de lui.
À ce débordement d’imaginaire, répond la logique et la rigueur de la mine de crayon, instrument privilégié d’Anne Marie Finné. Cette technique lui permet de donner toute sa qualité à la précision du trait, au foisonnement des détails, à la richesse d’une composition qui mêle superposition, étagement et perspective linéaire classique. Un univers qui n’est pas sans rappeler le monde de la bande dessinée ou de certaines peintures chinoises.
S’il y a quelque chose de l’enfance dans ce mélange d’histoires avec leurs lois propres féeriques et insolites, voire inquiétantes, cet univers entre visions et souvenirs est, comme toutes les histoires pour enfants, une troublante dénonciation de la sècheresse de nos vies réelles.
C’est pourquoi Anne Marie Finné préfère nous faire rêver d’un monde où la fantaisie et l’imagination nourrissent une nature enfin libre des contingences imposées par nos sociétés.
Isabelle Pouget pour l’exposition Beyond Horizons chez Dorotheum, curatée par Yolande De Bontridder